La maison d'Edouard Pennel. [Détail de la maison]

ARTISTE : Pennel, Edouard (1907-1988)

SITE : La maison d'Edouard Pennel

LOCALISATION : 9 rue des Alliés, Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais)

CRÉATION : à partir des années 1970

MATÉRIAUX : peinture, poupées, matériaux de récupération

STATUT DU SITE : disparu

PÉRIODE D'OCCUPATION:  1940-1988





IMAGES :

DESCRIPTION DÉTAILLÉE :

"Dans un journal j'avais vu une annonce où il y avait une collection de trente poupées à vendre, j'ai été à Clairmarais de suite l'acheter. Après, il y avait qu'à continuer. Finalement j'ai eu 1400 poupées. Je les avais attachées avec du fil de fer sur une estrade, j'ai tout brûlé il y a deux ans, en 1982, tout brûlé là dans la cour. C'est fini maintenant, il y a plus rien à dire.
Oh, je m'étais coupé le doigt et puis j'avais plus le courage, vous pouvez pas comprendre, vous pouvez pas comprendre, j'ai tellement souffert. Je suis né il y a soixante-dix-sept ans, le 25 janvier 1907, mon père était mineur mais j'ai fait couvreur-zingueur, on était trois frères couvreurs. J'ai eu mon frère qui a été tué en tombant d'une tour juste â côté de moi, vingt centimètres, sur la tête.
J'avais soixante ans, j'ai arrêté. Apres j'ai travaillé ici, à la commune.
A l'époque je faisais la collection de porte-clefs, j'avais commencé : au début, il y avait beaucoup de copains qui me disaient "Tu collectionnes" et toujours ils m'apportaient quelque chose pour ma collection.
Les porte-clefs, j'en avais 14000.
J'en avais pas d'Algérie et pas du Maroc, alors je me suis dit je vais au Maroc. J'avais fait la guerre au Maroc. Avant de partir ma mère, elle m'avait donné une lettre où il y avait seulement quelques lignes d'écrites dessus.
Elle m'a dit : Tu mets ça dans ta poche et garde-la toujours sur toi, sans l'ouvrir, il t'arrivera rien ; si tu as un ami, il suffira qu'il reste à côte de toi avec la main sur ton épaule il sera protège lui aussi.
Il y a avait un capitaine de Lille qui avait peur de mourir, il était père de trois petits-enfants; Je lui ai dit : Mon capitaine, vous restez a côté de moi avec la main sur mon épaule et surtout vous ne me quittez jamais, vous avez compris, jamais.
Trois fois on est montés à l'attaque, trois fois on est revenus.
Je m'appelle Edouard. Dans la famille, celui qui s'appelle Edouard il a le pouvoir de couper le feu.
Je prends des braises dans mes mains.
Trois fois j'ai arrêté des incendies : quand je rentre le feu s'écarte. Attention, je peux rien faire quand il y a de la chair humaine qui brûle.
Je sais aussi cureter les brûlures mais c'est un secret que je pourrai pas transmettre, je suis le dernier.
C'est une idée de la famille d'acheter son cercueil pour celui qui s'appelle Edouard.
Il y a trois mois qu'il est là, derrière la télévision.
C'est pas triste : je suis prêt. Je voudrais rien recommencer, je peux pas vous raconter comme j'ai souffert." (source : Guide de l'art insolite : Nord-Pas-de-Calais, Picardie / Francis David. - Herscher, 1984).


BIBLIOGRAPHIE :

Monographies
- DAVID Francis, Guide de l'art insolite, Nord - Pas de Calais, Picardie. Paris : Herscher, 1984.


MOTS-CLÉS : Animaux sauvages, Matériaux de récupération, Peinture, Poupées.



GÉOLOCALISATION :