La maison d'Achille Grimonpont dit Chillot (Halluin, Nord)
ARTISTE : Grimonpont, Achille (1904-1993)
SITE : La maison de Chilot
LOCALISATION : Halluin (Nord)
CRÉATION : vers 1950
MATÉRIAUX : bois, matériaux de récupération, ferronnerie, peinture
STATUT DU SITE : disparu. La maison ne porte plus aucune trace des oeuvres de Chilot.
PÉRIODE D'OCCUPATION: 1950-1993
IMAGES :
DESCRIPTION DÉTAILLÉE :
"J'ai commencé après la mort de ma mère, j'étais resté le seul enfant de la famille. Régulièrement le soir avec mon père on allait se promener dans le jardin public. Alors voilà un jour, monsieur, je trouve un canif et un vulgaire morceau de bois et machinalement, en continuant notre promenade, je commence à le tailler et quelques minutes plus tard étonné je remarque qu'il prend une forme humaine.
Dans les jours qui suivirent je continuai à pratiquer ce passe-temps. J'eus bientôt douze bois sculptes que j'avais places en présentation dans la niche du buffet. Quand un matin arrive un journaliste qui me dit comme ça : J'ai appris monsieur Chillot que vous aviez commencé la sculpture, et quelques jours plus tard paraissait dans le journal un article : "Un sculpteur à Halluin". J'avais les honneurs de la presse locale.
Ça m'a encouragé, il me fallait du bois je peux dire alors que j'ai travaillé comme Bernard Palissy, je taillais le bois que j'avais sous la main.
Après le bois j'ai fait des fresques en plâtre.
J'ai innové.
J'ai peint des bouteilles.
J'ai travaillé par série : la guerre, les sujets religieux, il y a eu les portraits de speakerines, j'avais écrit aux télévisions du monde entier pour qu'ils m'envoient une photographie de ces belles dames de la télévision.
Et voyez-vous mon travail a envahi rapidement ma modeste demeure.
Toutes ces peintures je dois vous avouer que je ne les ai jamais comptées mais je crois pouvoir dire que ça se chiffre par milliers, souvent les visiteurs qui viennent me rendre une petite visite restent plusieurs heures partent en disant qu'ils n'ont encore rien vu.
J'ai toujours dessiné. Je me souviens en 1924 a Cambrai où je me suis retrouvé soldat, j’écrivais à ma famille tous les jours et je faisais sur ma lettre un petit dessin humoristique.
Nous étions une famille très unie. Neuf enfants qui avions le culte de nos parents. A la maison il y avait régulièrement des petites fêtes, on jouait de la musique, on chantait, à une époque on a fait une pièce de théâtre à toute la famille.
Nous étions très gais.
Chilot c'est un nom alias. C'est en souvenir de ma famille, ma mère m'appelait Chilot. Il y a, je le sens bien, deux personnages en moi : l'optimisme du père et l'angoisse de ma mère.
J'ai des insomnies. Je me réveille toujours vers deux heures du matin. C'est l'heure favorable pour entreprendre mes activités je fais quelques dessins. J'écris des légendes, il y a toujours eu des légendes sous les peintures, c'est un besoin.
Celle-ci, c'est pour ceux ou plutôt celles que j'appelle les Chevaliers de la vassingue : "Le nettoyage excessif c'est de l'hygiène qui tue", c'est pour excuser mon manque d'enthousiasme à nettoyer.
Il faut bien reconnaître que ce n'est pas tous les jours facile de faire le ménage ici. Voyer vous-même les casseroles, les ustensiles du ménage, tout est peint.
Je dois dire que dans le domaine artistique où je ne suis qu'un piètre débutant, j'ai dû, pour qu'on veuille bien s'intéresser à mon travail, montrer un peu d'originalité.
Je vais me promener en ville avec ma bicyclette peinte ; Chilot a peint son chapeau, son imperméable, ses chaussures. Chilot amuse les gens normaux.
Il faut bien avouer, monsieur, à un moment donné, j'avais une telle popularité, que j'ai rendu grâce." (source : Guide de l'art insolite : Nord-Pas-de-Calais, Picardie / Francis David. - Herscher, 1984).
L'association "A la recherche du passé d'Halluin" conserve plus de deux cent oeuvres de Chilot.
BIBLIOGRAPHIE :
Monographies
MOTS-CLÉS : Peinture, Matériaux de récupération, Personnages politiques, Célébrités, Bois, Ferronnerie.
GÉOLOCALISATION :